Accueil Le Carême, Itinéraire d’une Création Nouvelle

Le Carême, Itinéraire d’une Création Nouvelle

Le Carême, Itinéraire d’une Création Nouvelle

Le Carême s’est ouvert avec le signe paradoxal des cendres. Si dans la Bible, elles sont un signe de l’appel à la conversion, aujourd’hui, elles sont d’abord le rappel des épreuves et des faillites humaines. Les cendres recouvrent les champs de bataille en Ukraine ou dans d’autres conflits du monde, elles indiquent les restes des forêts embrasées ou des cultures brûlées au rythme du réchauffement climatique, elles sont l’empreinte de ce qui a disparu ou s’est effondré autour de nous. Cependant, passées au feu de la résurrection, elles deviennent la marque d’une vie en genèse d’éternité. De la même manière que Dieu a modelé Adam à partir de la poussière de la Création, de même, il façonne l’homme nouveau à la lumière du Christ ressuscité. Les cendres déploient alors leur signification ultime : elles deviennent, sur nos fronts, le rappel incandescent de la vie divine à laquelle tout homme est appelé. 

Pour cela, il nous faut faire tomber ces cendres de nos fronts afin de révéler la beauté dont Dieu nous a parés de toute éternité. Si le péché vient obscurcir l’éclatant visage de notre humanité, Dieu offre à tous les hommes les quarante jours du Carême comme un itinéraire pour donner une forme chrétienne à notre prière et à notre vie. Il s’agit ainsi de parvenir « avec un esprit purifié à la célébration du mystère pascal », pour « vivre de la vie nouvelle à l’image du [Christ] ressuscité ». 

L’itinéraire de cette nouvelle création est balisé par l’aumône, la prière et le jeûne. Autant de moyens qui sont donnés par le Seigneur pour que toute existence humaine renoue avec ce qui est sa forme originelle. L’aumône rétablit l’homme dans la logique du don : il n’est plus enfermé dans sa suffisance, mais découvre comment le don est le signe par excellence d’une vie qui imite celle de son Seigneur. La prière raccommode le dialogue rompu entre l’homme et Dieu : plus de bavardages superflus ou de demandes farfelues, mais la réciprocité d’une parole d’alliance. Le jeûne, enfin, apprend à l’homme à se contenter de ce que Dieu lui donne. Il ne se perd plus dans l’accumulation ou l’assouvissement de tout désir, mais reçoit ce qui devrait lui suffire : la Parole qui sort de la bouche de Dieu.

Finalement, le Carême invite chacun à vivre sa conversion dans le présent : Le voici maintenant le moment favorable, le voici maintenant le jour du salut. Il ne s’agit pas de s’installer dans une attente scrupuleuse de Pâques, pas plus que de remplir ces quarante jours d’une multitude d’exercices pour s’assurer de ne pas manquer sa conversion. Il convient plutôt de s’établir dans la prière confiante du psalmiste. Il ne cesse pas de rappeler que Dieu est l’œuvre pour faire surgir sa miséricorde et nous sauver : Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.

Père Olivier Praud

Auteur :secretariat

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