Editorial de la semaine
Dimanche 2 novembre 2025
Comme en miroir, la solennité de la Toussaint et la commémoration des fidèles défunts invitent à contempler un seul et même mystère : la communion avec Dieu. Tous ceux qui sont déjà entrés dans la vie divine ont cherché tout au long de leur existence à goûter cette communion et à la vivre au quotidien. En ordonnant sa vie à l’écoute de la parole du Seigneur, elle se transforme patiemment et peut devenir la manifestation de la sainteté même de Dieu.
Aussi, nul doute qu’en écoutant une nouvelle fois les paroles de Jésus, un subtil vertige peut saisir chacun. Tout d’abord par l’écart entre ce qui est annoncé comme bénédiction et ce que le sens commun considère plutôt comme des malédictions. Qui pourrait être heureux d’être pauvre, de pleurer, de lutter pour la justice, de faire miséricorde ? Qui pourrait être heureux d’être persécuté ou calomnié à cause de Jésus ? La conclusion ajoute à ce paradoxe : « Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux ! » N’y a-t-il pas un risque de rechercher une sainteté de l’héroïcité, voire de s’enorgueillir d’être les derniers des mohicans dans un monde qui serait hostile à l’Évangile ? Or c’est tout le contraire de la sainteté à laquelle Dieu appelle. Elle est bien plutôt le reflet humain de sa divinité, c’est-à-dire la manière dont une vie humaine est transfigurée par l’amour salutaire de Dieu. La pauvreté du cœur, le service de la paix ou l’exercice de la miséricorde deviennent ainsi les signes visibles d’un cœur qui bat au rythme de l’Esprit saint.
Ensuite, parce que cet écart se dévoile comme celui qui traverse toute existence humaine, entre désirs, réussites ou échecs. Il témoigne en miroir de l’espérance qui habite le cœur de chacun, de mener une vie bonne et de chercher le bien. Cette distance, entre ce que nous espérons et ce que nous vivons, se comprend alors comme un temps de mûrissement et de pédagogie. S’il est vécu dans la foi, il dépasse alors la quête de la perfection morale pour devenir l’apprentissage de notre identité selon le cœur de Dieu : être fils comme le Fils.
Enfin, quand Jésus énonce ses béatitudes, il a devant lui des pauvres, des persécutés de son temps, des peureux ou des hésitants, des insultés ou des affamés de tout. Il ne parle pas à l’air ou en surplomb pour faire la leçon. Au contraire, il vient inscrire l’invitation à trouver le bonheur promis par Dieu au milieu des vicissitudes de ce temps. Celui-ci n’est plus pour un demain inatteignable, mais pour aujourd’hui, dans la mesure où nous acceptons de dépendre d’un autre. Le Christ vit lui-même cet écart, non comme séparation ou condamnation à l’échec sans fin, mais comme alliance et communion éternelle avec Dieu. La sainteté apparaît ainsi tel un chemin à portée de main pour consoler, relever, réconcilier et aimer. L’écart est alors surmonté par cette « sainteté de la porte d’à-côté », pour reprendre les mots du Pape François.
Aujourd’hui et demain, prier Dieu avec les saints et pour nos fidèles défunts n’est donc pas inutile. C’est d’abord reconnaître, dans la foi en la Résurrection, qu’ils vivent de la vie même de Dieu et qu’ils ne cessent de s’avancer à sa rencontre. C’est ensuite prendre avec eux le même chemin d’ajustement pour, sans attendre, s’accoutumer à l’amour divin dès ici-bas. Il se déploie en charité pour tous ceux et celles qui affrontent la peur de la mort et de la souffrance. Enfin, c’est se tenir dans une même communion dont l’eucharistie est aujourd’hui le sacrement : la vie même de Dieu. Prier s’offre ainsi à chacun comme l’attitude la plus juste devant la mort, pour la vivre dans la confiance de la foi pour soi-même et pour les autres, pour annoncer humblement l’espérance chrétienne : Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants ! Père Olivier Praud
Dimanche 26 octobre 2025
Prière et humilité
Saint Thomas d’Aquin écrit : « La prière doit être humble parce que Dieu ‘se tourne vers la prière de l’humble et ne méprise pas sa prière’ (Ps 101/102,18). Regarde aussi la parabole du pharisien et du publicain (Lc 18,10-14) et la prière de Judith : « Tu es le Dieu des humbles et le secours des délaissés » (Jdt 9,11). Cette humilité se trouve dans le « Notre Père ». En fait, nous avons une vraie humilité lorsque nous attendons tout de la puissance divine à laquelle nous adressons nos suppliques. ».
Le publicain « rentra chez lui justifié ». Il fut pardonné, non pas parce qu’il était plus humble et meilleur que le pharisien (Dieu ne se mérite pas, même avec l’humilité) mais parce qu’il s’ouvrit – comme une porte entrouverte au soleil- à un Dieu qui ne se mérite pas, mais qui s’accueille, à un Dieu qui, avec le pardon, recrée et rend le cœur du publicain innocent comme celui d’un enfant. Comme Dieu a rendu « juste » le publicain pécheur, Il nous est « propice », nous qui sommes pécheurs. Sincèrement repentis, nous deviendrons « justes », c’est à dire réadmis dans l’amitié divine, rendus saints, purifiés, rendus à la vie de la foi.
Imitons le Christ qui ne s’est pas exalté. Il n’a pas revendiqué le rang qui l’égalait au Père et à l’Esprit Saint. Il a été reconnu homme à son aspect jusqu’à l’humiliation de la Croix. Pour cette raison, Dieu l’a exalté au-dessus de tout autre nom (« Ayez entre vous les dispositions que l’on doit avoir dans le Christ Jésus : lui qui était dans la condition de Dieu, il n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix ». Phil 2, 5-8).
Dimanche 18 octobre 2025
La liturgie nous offre une petite parabole qui invite à prier sans cesse, à temps et à contretemps, pour demander à Dieu son règne et sa justice. La question de Jésus est terrible : trouvera-t-il encore la foi quand il reviendra dans la gloire ? Autrement dit, serons-nous encore là ? Nous trouvera-t-il encore à espérer sa venue, et même à la demander ?
S’il livre sa vie aux mains des hommes jusqu’en sa passion, c’est pour nous communiquer son désir du Règne de son Père, pour nous signifier son espérance de nous voir régner avec lui.
La prière et le service sont deux dispositions internes au croyant qui expriment sa foi et son espérance, son désir du Règne de Dieu. Les textes de ce dimanche nous focalisent sur la prière. Elle est une présence sous le regard de Dieu, une permanence qui nous fait certes profiter de son amour et de sa miséricorde, mais exige également que nous demandions à Dieu son royaume et la justice (Mt 6, 33).
Le plus difficile est de demeurer dans cette attitude, dans cette permanence. Dans la seconde lettre à Timothée, Paul insiste sur le fait que la Bible est un recours précieux pour enseigner, dénoncer et consoler. Mais elle est en même temps indispensable pour communiquer la sagesse et le salut par la foi.
| Feuille d’informations paroissiales19 & 26 octobre 2025 – 29 & 30è dim. du TO |
La lecture et la méditation de la Bible, ainsi présentées, constituent une expérience du Christ qui sauve, et cela fait grandir la foi ; elles nous donnent les éléments nécessaires pour nourrir notre espérance.
Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? Pour que le désir de Jésus se concrétise, la prière, soutenue par la lecture de la Bible, est le plus beau cadeau que Dieu nous ait fait pour soutenir notre prière et la vivre comme une école de notre espérance. Père Eric Morina