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Editorial de la semaine

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 » Voici que la Vierge est enceinte, 

elle enfantera un fils » (Is 7-15)

Peu de temps avant la fête de Noël, la liturgie nous invite à méditer une parole prophétique. « La Vierge enfantera un fils ». Que signifie une telle promesse ? S’agit-il d’une simple figure de style ? D’une annonce énigmatique ? La parole prophétique rapportée par le prophète Isaïe est extraite d’un échange entre le roi Akhaz et le Seigneur. Ne s’agit-il que d’une parole de circonstance ? En quoi nous concerne-t-elle ?

Comment bien comprendre ce que le Seigneur propose lorsqu’il invite le roi à demander pour lui un signe ? Le roi est un mortel qui n’ignore pas sa condition. Il n’envisage pas un instant de soumettre le Seigneur à l’épreuve. Que Dieu lui offre un signe l’étonne. L’initiative ne vient pas de l’homme mais de Dieu et ainsi rend-telle possible une conversation humano-divine. 

Le dialogue entre le Seigneur et ceux auxquels il s’adresse commence et s’instaure dans l’écoute plus que dans la répartie. Si le Seigneur affirme quelque chose, ne nous appartient-t-il pas de le recevoir ? Le signe donné au roi ne l’est pas seulement à sa seule personne privée mais au corps social toute entier.

Ce que le Seigneur affirme par les prophètes ne saurait rester sans lendemain, lettre morte. Ce que Dieu annonce n’est pas valable pour un temps seulement, à durée limitée. N’est-il pas le maître du temps, lui qui sépare le jour et la nuit (Gn 1,14) ?  Mille ans ne sont-ils pas comme un jour aux yeux du Seigneur ? (Ps 90,4) Et pourtant en s’adressant à nous le Seigneur se met à la hauteur d’évènement humain, déterminant pour nous le moment favorable (Jn 2,4 ; 12,23) pour manifester son salut, sa justice. 

Méditons avec soin ce que nous nous préparons à proclament au cœur de la nuit de la Nativité du Seigneur ; pas seulement une naissance mais une projection dans l’avenir. « L’Incarnation, ce mystère insoutenable, ce Dieu qui naît dans une étable, qui se fait homme, est le cœur même du christianisme. Il n’y a pas de place plus humble que celle où il est né. Aucun lieu de l’univers n’était plus approprié pour accueillir ce Dieu qui s’est fait tout petit, fragile et vulnérable. C’est le mystère de la pauvreté extrême. Noël est le moment où Dieu choisit de se manifester.

Il n’y a pas de mystère plus étrange que celui de l’incarnation. Dieu, l’infini, l’absolu, devient un être humain, soumis à la fragilité de la chair, à la souffrance, à la mort. Il prend sur lui toutes nos misères, nos pauvretés, notre faiblesse. Il fait siennes nos conditions de vie les plus misérables pour nous faire comprendre que l’amour de Dieu s’étend jusque dans les recoins les plus obscurs de notre existence. »

« Noël, c’est le rappel de ce fait terrible, que Dieu choisit de descendre là où nous sommes, dans notre humanité la plus dégradée. Noël nous invite à nous rendre compte que l’amour de Dieu n’est pas un amour abstrait ou lointain, mais un amour incarné, proche, qui vient à nous dans notre réalité la plus concrète et la plus douloureuse. Noël est une invitation à prendre en charge l’humanité dans sa totalité, avec ses faiblesses, ses souffrances, ses contradictions, et à l’accueillir comme Dieu l’a fait. » (Simone Weil, Œuvres complètes).

Michel Esposito, curé

1ère lecture : Is 7, 10-16

2è lecture : Rm 1, 1-7

Evangile : Mt 1, 18-24

Auteur :Sébastien Delprat

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