Editorial de la semaine
Dimanche 30 novembre 2025
« A cause de la maison du Seigneur notre Dieu, je veux ton bonheur » (Ps 122)
Ce premier dimanche de l’Avent nous invite à nous immerger dans une belle aventure spirituelle. Nous allons sonder à nouveaux frais les textes de l’Ecriture, lesquels évoquent de grandes étapes de l’histoire sainte. Commençons par le psaume de ce jour. Pourquoi y évoquer la maison du Seigneur ? Une maison consacrée au Seigneur est circonscrite en un lieu et nulle part ailleurs alors que le Seigneur est le « Dieu Très-Haut ». (Dn. 5,18) Qu’est-ce que la maison du Seigneur, sa demeure ?
Salomon, nous le savons, construisit le temple à la place de son père. (1 R 5,17) Redoutable omission de la part de David ! Le chef de guerre avait oublié le Seigneur qui l’avait pourtant établi à la tête du peuple. La guerre n’a qu’un temps. L’absence de Temple efface le signe de la présence de Dieu : seule demeure la cité du roi. Les rois passent, les palais s’effondrent, la présence du Seigneur, si discrète soit-elle, demeure à jamais.
Le Temple est moins utile pour le Seigneur que pour le peuple de Dieu. Il rappelle par sa présence et par la dévotion qu’il favorise, le dessein de Dieu : rassembler le peuple de Dieu et le bénir, le combler de l’Esprit-Saint de telle sorte que le palais, comme le peuple de Dieu apprennent le chemin du bonheur.
Si la loi du royaume promulguée est par le roi, la conscience est éclairée par le Seigneur. Si la volonté humaine est capable d’accomplir des œuvres magistrales, le Seigneur reste le maître du temps et de l’histoire.
Entre le palais le temple, entre l’occupant romain et le nouveau-né dans la petite ville de Bethléem, une différence subsiste. Entre le fastueux décor de nos rues et l’intime de nos âmes, il y a toujours un écart que le Créateur n’a pas voulu insurmontable. L’enjeu ? Non pas l’éphémère mais un élan d’espérance irrépressible. Dans l’évangile Jésus parle du sanctuaire de son corps. Voilà ce à quoi cette semaine nous appelle à consacrer un peu de temps, d’énergie et de cœur. Corps de l’enfant de la crèche, corps du délit de la passion (de la réalité du péché assumé), corps du ressuscité, source d’espérance baptismale, liturgique, morale et mystique.
L’artificielle lumière des métropoles est faite pour l’homo economicus. La lumière intérieure de l’espérance ne s’offre pas au premier regard pressé. Elle suppose un détour. Vigile de la nuit lorsque le cœur peut se laisser surprendre par l’amour divin. (Is 29,6)
Le jour du Seigneur viendra comme un voleur dans la nuit. (2 P 3) Comme un voleur : tout est dit. Il fait irruption même là où on ne l’attend plus sans faire violence ni menacer l’intégrité humaine appelée à devenir un sanctuaire divin. Le moment de la venue Seigneur est important : la nuit. Le jour nous sommes si organisés qu’il ne reste pas toujours de place pour le Seigneur. « Mille ans, à tes yeux, sont comme hier, un jour qui s’en va, une heure dans la nuit. Apprends-nous à compter nos jours et nous obtiendrons la sagesse du cœur. (Ps 90)
Michel Esposito, curé