Editorial de la semaine
Dimanche 29 juin 2025 éditorial de l’été, le prochain le 31 août
« La prière ardente de l’Eglise montait sans relâche vers Dieu »
Quel contraste entre la prière insistante de l’Eglise pour Pierre alors placé sous bonne garde, entravé, prisonnier et le sommeil de Pierre ! Comme si ce dernier, porté par la prière de l’Eglise, expérimentait à quel point cette prière produisait en lui une paix intérieure. La puissance de la prière détourne le regard du seul danger immédiat et réel que Pierre doit cependant affronter.
Nul ne peut savoir à l’avance ce qui va résulter de la prière, laquelle n’est pas une simple supplique adressée à Dieu pour que tout danger disparaisse. La providence divine est à l’œuvre ici et maintenant et la prière nous y ajuste. Il ne s’agit pas de préserver le disciple de toute difficulté mais de relever celui qui peine, de produire l’espérance là où le péril surgit.
« Saint Paul et Saint Pierre, affirme saint Jean Chrysostome, étaient les colonnes et les tours de l’Église. La prière brisa les fers de l’un et ouvrit la bouche de l’autre. Mais ne nous bornons pas à rappeler les faits de ce temps-là pour établir la double vertu de la prière ; servons-nous encore de ce que nous voyons chaque jour, et rappelons à notre mémoire la prière que le peuple prononce. Lorsque vous entendez (au cours de la liturgie) le diacre s’écrier : « Prions pour l’évêque, pour sa vieillesse, pour son salut, afin qu’il traite avec droiture la parole de vérité ; pour les personnes ici présentes et pour celles qui sont ailleurs, » vous n’hésitez pas à exécuter et vous priez avec ferveur, parce que vous comprenez la puissance que donne cette union. »
Les évènements du monde obéissent à des logiques sociologiques économiques, politiques sans s’y limiter. Hier Hérode Agrippa choisissait d’arrêter Pierre. Sans doute était-il désireux de préserver une certaine conception de l’ordre social. A tout prix ? Sans doute. Sa décision privait Pierre de sa liberté d’action sans pour autant entraver l’œuvre de Dieu, l’annonce de l’évangile. « Le roi Hérode entreprit de mettre à mal certains membres de l’Église. » Une décision au service de l’opinion publique (Ac 12,3) plus que de la recherche de la vérité et de la justice.
On observe à toute époque des croyants concernés directement ou indirectement par la persécution religieuse. Ils continuent bien souvent à se tourner vers le souverain Créateur, Père miséricordieux et bienveillant, vers le Christ rédempteur, vers l’Esprit sanctificateur car l’espérance ne déçoit pas un cœur pénétré de la gloire divine. Lorsque Paul écrit « tous m’ont abandonné », il reconnaît une terrible traversée du désert et en même temps il rajoute : « le Seigneur lui m’a assisté, m’a rempli de force, pour que par moi la proclamation de l’Evangile s’accomplisse ». (2 Tm 4,16-17)
Lorsque Pierre n’était pas encore porté par la prière de l’Eglise, il lui arrivait de vaciller (Mc 14,22-33) mais par la suite il a donné le témoignage ultime de l’offrande sa vie à Rome, le témoignage de la foi. Contre les vicissitudes du passé, les sources d’angoisse, les inquiétudes de l’avenir, portés par la prière de l’Eglise, et donc par la nôtre pour partie, accueillons jour après jour la grâce du moment présent, le don de Dieu, l’énergie de l’espérance.
Père Michel Esposito, curé